BANNER THOMAS DÉBRANCHE SA BASSE

Le 10 avril 2017, Banner Thomas a succombé à une crise cardiaque après avoir lutté pendant plusieurs mois contre une pneumonie. Il avait soixante trois ans. Il a participé à l’aventure de Molly Hatchet dès 1973. Sans être le membre le plus charismatique du combo, il a joué sur ses quatre premiers albums, contribuant largement au développement de ce groupe mythique, tout d’abord, en demandant à Dave Hlubek de l’accompagner à la librairie de leur quartier pour récupérer le livre que Banner avait commandé (traîner Dave dans ce genre d’endroit relevait du tour de force). En feuilletant un magazine, les deux copains tombèrent sur des dessins de Frazetta et le fameux cavalier marqua leur imagination. Ils avaient trouvé la pochette idéale pour leur premier disque. Ensuite, en participant activement au répertoire du groupe. Il a écrit les paroles de «Gator country », un des morceaux d’anthologie de Molly Hatchet et du « Southern rock » en général. Il a collaboré à la composition de « I’ll be running », « Boogie no more », « Flirtin’ with disaster », « Good rockin’ », « Beatin’ the odds », « Bloody reunion », « Loss of control » et « Don’t mess around ». Il a écrit seul le magnifique « Sailor » et « All mine ». Il a aussi composé avec l’aide de Jimmy Farrar le sulfureux « Dead and gone ». On notera au passage que tous ces titres sont les plus « hard » du groupe. Oui, Banner Thomas avait un goût prononcé pour le hard rock et cela s’entendait dans son jeu. Son style de basse a indéniablement contribué au son si particulier de Molly Hatchet. Ah, la basse de Banner ! Il ne manque pas d’adjectifs pour la décrire. Rapide et entêtante sur « Bounty Hunter », elle monte au créneau avec les guitares à la fin des refrains et balance une phrase solitaire juste après le break. Galopante sur « Gator country », elle accompagne parfaitement la batterie hypnotique de « The creeper ». Envoûtante sur « Dreams I’ll never see », elle ronfle bruyamment dès l’intro de « Whiskey man ». Simple mais incontournable sur « One man’s pleasure », elle talonne le tempo vertigineux de « Boogie no more ». Menaçante sur « Flirtin’ with disaster », elle soutient la rythmique infernale de « Beatin’ the odds ». Percutante sur « Penthouse pauper », elle roule à fond sur « Double talker ». Très rock sur « Sailor » et « Bloody reunion », elle devient presque hard sur « Respect me in the morning », « Loss of control », « Don’t mess around » et « Dead giveaway ».



Quant au son de Banner en concert, il n’y a qu’à écouter « The harp jam » (sur l’excellent “Live at the Agora Ballroom” de 1979) pour profiter d’un super solo de basse à la limite de la saturation. Discret et efficace, Banner Thomas a fait cracher sa basse au sein de Molly Hatchet jusqu’à ce qu’une engueulade majeure avec Dave Hlubek ne lui fasse quitter subitement le groupe en pleine tournée promotionnelle de « Take no prisonners ».

Bien des années plus tard, il a participé au concert de soutien pour Danny Joe Brown.
On a entendu de nouveau parler de lui avec « Big Engine » (un groupe de hard rock sudiste) au début des années 2000. Ces derniers temps, Banner continuait apparemment de se produire plus ou moins régulièrement au Trade Winds Lounge avec une bande d’amis.

Malheureusement, la maladie l’a emporté. Encore un de parti, un de plus.
De la vieille Molly originelle, il ne reste plus que Dave Hlubek et Steve Holland. On peut aussi rajouter Jimmy Farrar, il le mérite bien. Nous, il nous reste un goût amer dans la bouche et des réflexions nostalgiques sur le temps qui passe. Banner Thomas est allé voir si ses vieux potes de jeunesse se souvenaient des anciennes chansons de leurs débuts.
Dans les marais boueux de Floride, les alligators pleurent son nom.

Olivier Aubry (Juin 2017)

 



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